Installer un rucher dans son établissement scolaire

, par Matthieu Remblière

Plusieurs établissements dans l’académie se sont lancés depuis quelques années dans l’intégration de ruches dans leurs établissements : ce type de projet a un intérêt pédagogique pour les élèves, ce que démontrent les projets présentés ici.

Mais attention : pas d’improvisation ! Entretenir un rucher reste une activité dangereuse nécessitant des connaissances techniques et respectant un cadre réglementaire strict, c’est pourquoi il est indispensable de s’associer à un apiculteur. De plus, le calendrier scolaire n’est pas nécessairement adapté à la tenue d’un rucher, car la récolte se fait généralement en juillet-août bien que des adaptations soient possibles. Enfin, la mise en place d’un rucher doit aussi s’accompagner d’une réflexion sur ses conséquences quant à la biodiversité locale depuis la publication d’un article paru dans Science en 2018 montrant que l’élevage massif d’abeilles domestiques peut s’avérer problématique pour la biodiversité, en compromettant la survie des autres pollinisateurs qui n’ont plus assez de fleurs à butiner. Voir aussi à ce propos la note de l’Institut Paris Région (juin 2023)

TEMOIGNAGE
Le lycée Notre-Dame du Grandchamp s’est lancé dans ce projet ; le responsable, Jean-Philippe MORAND, nous en détaille les étapes :

Le projet pédagogique

Dans le cadre des enseignements d’exploration, des élèves travaillent sur le projet « jardin et ruche ». Ils sont partis de l’étude du sol, pour ensuite réfléchir sur les conditions optimales au développement des plantes. Après des recherches, les élèves ont planté des plantes mellifères et ont surveillé et analysé leur développement. Un comptage des abeilles venant visiter chaque espèce végétale a été effectué afin de déterminer les préférences et les périodes de pollinisation.
Bien évidemment, notre projet pédagogique va évoluer et s’affiner au cours du temps, car nous découvrons tous les jours de nouvelles applications pédagogiques à notre jardin et à notre ruche.

Formation - implantation

La première année, un apiculteur professionnel va former un professeur de SVT et le préparateur, pour à terme devenir autonome et acquérir une seconde voire une troisième ruche.
L’implantation dans le lycée n’a pas posé de problème car nous disposons d’un grand parc. La ruche est positionnée sur un espace clos, protégé et dédié aux sciences expérimentales, sur lequel nous avons déjà développé un jardin potager et envisageons en septembre de construire un poulailler.
Notre ruche est isolée des élèves mais son accès reste facile. Nous pouvons donc y amener nos classes en toute sécurité.

Réglementation

Une ruche doit se trouver à plus de 20 mètres des habitations ou d’une voie publique (mais cette réglementation dépend de chaque département). Cette prescription de distance ne s’applique pas si le rucher est entouré d’un mur, d’une haie continue d’au moins deux mètres de haut. Ainsi un rucher entouré d’un mur de deux mètres de haut peut être, au regard de la loi, installé n’importe où.
Pour les formalités administratives, nous devons effectuer entre le 1er septembre et le 31 décembre une déclaration de détention et d’emplacement de ruches qui nous permet d’obtenir un numéro d’apiculteur amateur. Bien que non obligatoire, nous avons fait assurer notre ruche. Cette assurance nous protège contre le vandalisme, le vol et contre les nuisances que les abeilles pourraient provoquer à autrui.

La ruche intéresse beaucoup les élèves et la communauté éducative. Tout le lycée va pouvoir, à terme, développer des projets autour du rucher : design de l’étiquette des pots de miel et marketing pour nos séries professionnelles, sujet de TPE pour nos premières, applications concrètes de thèmes abordés en SVT en Terminale…

Contact : Jean-Philippe MORAND, professeur de SVT, jp.morand@nd-grandchamp.fr

TEMOIGNAGE
C’est aussi le cas depuis 2015 du lycée Jean-Jacques Rousseau de Sarcelles : "Dans un premier temps des explications ont été données sur le matériel apicole, sur les fonctions des abeilles et sur le suivi d’une colonie.
Puis dans un deuxième temps les travaux ont consisté à préparer l’installation du rucher : peinture, pose de cire gaufrée, découpe de trou pour nourrisseur, préparation du terrain et des supports.
Enfin les abeilles ont été installées le 16 avril. Depuis les travaux ont été beaucoup plus tournés sur le suivi des ruches : visites, manipulations, entretien, pose des hausses et suivi de la production de miel, suivi du couvain, gestion de l’espace intérieur des ruches.
Cet atelier est suivi par plus d’une trentaine d’élèves et quelques personnels, avec à chaque atelier une petite dizaine de participants."


Des ruches à Sarcelles par vonews95
Contact : Fabrice DESOUTTER, professeur de management/gestion, fabrice.dessoutter@ac-versailles.fr

MODALITES ADMINISTRATIVES
Assurance :
Assurance responsabilité civile : abonnement UNAF + montant par ruches
Déclaration de ruches :
A la mise en place des ruches puis du 1er septembre au 31 décembre : voir
http://mesdemarches.agriculture.gouv.fr
→ NAPI à signaler dans le rucher
Pour les lycées :
C’est la Région en tant que propriétaire des lieux qui se charge de vous accompagner dans le montage du projet.
Vous trouverez sur le site régional des Lycées Eco-Responsables la réglementation mais aussi une convention type à signer avec un apiculteur.
La validation de la Région doit être préalablement donnée avant la présentation du projet au CA.
Etapes :
  • Présentation des pièces juridiques et techniques à la Région
  • Arbitrage de la Région
  • Si validation Régionale du projet - > présentation au CA de l’établissement
  • Envoi demact au Rectorat
  • Envoi PV de CA à la Région

Plus d’informations auprès de Nicolas Rihet, Coordinateur des Lycées Eco-Responsables
nicolas.rihet@iledefrance.fr / 01.53.85.56.60 – 06.07.82.23.81

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