Partage d’expérience : au collège d’Itteville, les élèves inventent la ville de demain Ville de demain, ville durable

, par Agnes Tramblais

Ce projet interdisciplinaire est né de la rencontre entre la géographie prospective et la SVT. Il s’agissait de sortir d’une approche moralisatrice pour rendre les élèves acteurs du développement durable, à travers leurs choix et leurs engagements, notamment en ce qui concerne l’aménagement du territoire.

Quelle production finale ?
Par groupe de 2 à 5, les élèves doivent créer un projet d’aménagement du territoire, qui pourrait être viable sur les 300 ha d’espaces disponibles à Brétigny-sur-Orge (à proximité de leur collège), autrefois base militaire. Ce projet doit répondre aux trois critères du développement durable (il doit respecter l’environnement et être viable économiquement et socialement). Le support sur lequel les élèves s’appuieront pour leur oral, est laissé libre.

Comment les préparer à cela ?
Les élèves disposent d’une grille à laquelle il doivent répondre et ils s’appuient sur les nombreux exemples de projets ou de réalisation de quartiers étudiés en géographie comme à Toulouse Montaudran ou l’écoquartier du Trapèze à Boulogne-Billancourt. Ils s’appuient également sur les études menées en SVT autour des énergies renouvelables et éco-matériaux.

Quel intérêt pour les élèves ?
Les compétences développées par les élèves sont nombreuses (utiliser une échelle, justifier une démarche, structurer sa penser, s’exprimer à l’oral, travailler au sein d’un groupe...). Les travaux des élèves étaient souvent d’une grande qualité, montrant une réelle sensibilité à ces questions d’avenir. C’était aussi l’occasion pour des élèves discrets, de prendre la parole et de défendre un point de vue. Néanmoins les élèves ont réalisé que certains projets, trop idéalistes dans le domaine de l’environnement, sont souvent peu viables économiquement ou socialement. Une question s’est souvent posée : « sommes nous prêts à changer nos modes de vie et de consommation ? »

Un exemple de réalisation d’élèves :
Un groupe de quatre élèves souhaiterait créer un écoquartier, économiquement viable selon eux, dont le coût est estimé à 100 millions d’euros, financé par la mairie, le département, la vente d’appartements sur plan et des investissements privés (hôtels, magasins...). C’est selon eux un projet social (mixité sociale, prise en compte du bien-être et des besoins des habitants...) et respectueux de l’environnement (proximité des commerces pour éviter la pollution de l’air, recyclage des déchets, énergie solaire et hydraulique, amendes pour les déchets jetés par terre)
Mais des questions ont été soulevées lors de l’entretien :

  • La concurrence d’Auchan qui est à proximité pour amener les élèves à comprendre que ce n’est pas le même type de commerce qui serait plus durable mais plutôt des commerces de proximité.
  • Le problème du bruit des éoliennes à proximité des habitations (nuisance sonore)
  • La question du coût élevé du logement dans les écoquartiers (réservé à des plus riches et donc faible mixité ? problème de financement ?)
  • Jeter ses déchets par terre est déjà interdit dans la loi et passible d’une amende : les élèves ont donc la même idée que l’Etat mais ils savent que c’est difficile à appliquer.
  • La question des animaux (proximité de la route et donc dangerosité). Dans de nombreux groupes, le professeur de SVT et l’écologue ont rappelé que la vie animale comprend aussi les insectes, systématiquement oubliés par les élèves qui pensent aux cerfs ou aux lapins…
  • Les élèves précisent qu’il y a une différence entre espaces verts aménagés et espaces verts naturels mais il est en fait difficile de trouver une limite (avec une barrière cela devient un zoo ou un enclos pour les animaux) !
  • Les déplacements ont été peu évoqués dans leur projet ni les liaisons avec les transports en commun déjà existants (comme la gare de Brétigny) mais d’autres projets ont mis l’accent sur la création de nouveaux réseaux de transport pour désenclaver ce quartier et réaliser une coulée verte, s’inspirant de l’écoquartier de Toulouse Montaudran réutilisant l’ancienne piste aéroportuaire.

Des réalisations variées :
Les élèves étant libres d’inventer, chaque groupe a mis l’accent sur ce qui le touchait personnellement. Certains ont choisi de créer un centre pour migrants, d’autres un hôpital, d’autres encore une réserve animalière...La diversité de leurs projets montre la richesse des idées de nos jeunes, à qui il faut redire qu’ils ont le droit à la parole dans notre société car ils représentent l’avenir !

Projet porté par Mme TRAMBLAIS (Géographie) et par M LEGLISE-BLANCHARD (SVT).

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